Abderrrahmane Sissako

Né en 1961 en Mauritanie, il passe son enfance et son adolescence entre son pays natal et le Mali. Après avoir effectué des études cinématographiques à l'Institut d'Etat de Cinéma de Moscou, il s'installe en France. Là, même loin des yeux, l'Afrique reste omniprésente dans ses œuvres, à travers ses visages et paysages, ses sons et ses odeurs.
Le jeu. Court métrage de 23 minutes réalisé en 1989, il a pour sujet la guerre quelque part dans le désert. Après une journée passée avec son épouse et son fils, le père de famille doit répondre à l'appel du devoir. Il doit rejoindre ses compagnons d'armes sur le front. Peut-être perdra-t-il la vie sur le champs d'honneur. Pendant ce temps, son fils et d'autres enfants jouent à la guerre… Octobre. Deuxième court métrage de 38 minutes (1993). Sissako filme non pas la révolution d'octobre, mais le métissage et ses péripéties. Ira , une jeune russe, déambule dans les rues de Moscou. Elle s'inquiète. Pas seulement parce qu'elle attend un enfant. Mais surtout parce qu'elle doute. Son amant Idrissa, un étudiant africain, va rentrer dans son pays. Ils se retrouvent pour leur dernier rendez-vous dans une maison perdue au fin fond de Moscou. Cette dernière nuit d'octobre qui ne finit plus d'être celle des amours impossibles, les voisins qui les ont rejetés sont aussi au rendez-vous devant leur porte. Le chameau et les bâtons flottants s'ajoute en1996 comme court métrage de 6 minutes à sa filmographie. Sabriya (1997), moyen métrage fiction de 25minutes s'ouvre sur Le café de l'échiquier, une buvette perdue dans les sables. La préoccupation première de ses consommateurs a toujours été les échecs. Les co-propriétaires, Saïd et Rajah, sont des amis d'enfance. Ils vivent là en parfaite harmonie au rythme du temps et de jeu. Un jour, le hasard introduit brutalement dans leur univers tranquille une jeune et très belle femme nommée Sarah. C'est le début d'une passion amoureuse et la séparation des amis plus que frères, plus que frères jumeaux. Rostov-Luanda (1997) est un documentaire long métrage de 59minutes. 1980, Rostov-sur-le-Don. Abderrahmane Sissako se trouve en ex Union soviétique. Là, il rencontre Bari-Banga, un ancien guérillero de la guerre pour la libération de l'Angola. Seize ans plus tard, le jeune mauritanien, qui avait entre temps étudié le cinéma à Moscou, décide d'aller à la recherche de son ami. Avec une ancienne photo prise à Rostov et sa caméra, le chasseur d'images se rend dans la capitale de l'Angola pour une enquête-reportage. La vie sur terre (1998, 68 min), son premier long métrage de fiction, a été présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 1998, a remporté plusieurs prix à la quinzième édition du Fespaco. "Cher père, tu seras un peu surpris, peut-être même inquiet de recevoir une lettre de moi…Contrairement au message que je t'ai fait parvenir par Jiddou, un changement important fait que je serai bientôt avec toi, à Sokolo, la vie, la vie sur terre, le désir de partir. D'autant que d'ici peu, nous serons dans l'an 2000 et que rien n'aura changé pour le meilleur, tu le sais mieux que moi…" C'est donc la fin de l'an 2000, Abderrahmane Sissako, cinéaste mauritanien vivant en France, décide de revenir à Sokolo, petit village du Mali, retrouver son père : Il arrive donc au village, change d'habit, enfourche une bicyclette puis erre dans les ruelles, sur les places, à la poste, dans les champs. Au cour de cette promenade, il croise Nana, une jeune fille, elle aussi de passage. Quelque chose d'impalpable et de ludique se noue entre eux tandis que dans le village, la vie continue. Comme si, du jour au lendemain, l'on n'avait pas, quelque part, changé de siècle et de millénaire.

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