Pablo Muñoz Gomez

Présenté ce mois-ci à la 70e édtion du festival de Locarno où il concourait en compétition dans la catégorie "Leopardi di domani », le troisème court-métrage de Pablo Munoz Gomez est un drame burlesque touchant. Après un détour par le documentaire avec Intégration Inch' Allah (2016), le cinéaste retrouve la fiction avec ce conte de Noël singulier. Un père, livreur de pizza précaire, va essayer de trouver l'argent nécessaire pour offrir à son fils le cartable à la mode dont il rêve. Sa quête le mènera à des rencontres souvent négatives et agressives, qui ne parviendront cependant pas à le décourager. À l'instar de son court Welkom (2013), Pablo Munoz Gomez s'intéresse aux tensions communautaires et aux différences culturelles qui distillent une atmosphère de méfiance. Le corps maladroit du père, interprété avec minutie par Geroges Siatidis, révèle avec justesse les petites humiliations ressenties face à son patron, la conseillère emploi (Catherine Salée, explosive) ou l'horrible vendeur du magasin. Car sous ses dehors bon enfant, ce conte révèle la cruauté d'un système économique éreintant, montant les uns contre les autres, l'argent et son absence creusant un précipice entre les personnes qui aboutit à une réification de soi : la scène du buffet vivant, farce au goût plus qu'amer. La nationalité du père et le titre grecs du film personnifient enfin une crise qui dépasse celle de l'individu et qui, malgré la scène finale, émouvante tentative anarchiste, régit durement les relations humaines.
Après des études de réalisation à l’IAD, Pablo Muñoz Gomez rencontre un franc succès avec son film de fin d’études, « Welkom ». Traitant avec un humour surréaliste les problèmes linguistiques propres à la Belgique, le film est élu Magritte du meilleur court métrage en 2014 (Belgian academy award). Il est sélectionné dans une centaine de festivals à travers le monde, notamment à Clermont Ferrand, et reçoit un trentaine de prix internationaux. En 2016, Pablo Muñoz Gomez revient avec « Intégration Inch’Allah", son premier documentaire professionnel, qui lui a demandé plus de trois ans d’immersion. Le film suit un groupe de primo arrivants arabophone devant suivre un parcours d’intégration à Anvers. Avec humour et bienveillance, le film observe patiemment le quotidiens des ces personnes. En 2017, en coproduction avec Roue Libre production et Origine Films, sort son dernier court-métrage, intitulé « Kapitalistis ».

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