Collectif Vertige

Sans tomber dans le piège de dire que le cinéma n'est qu'une succession de photographies, et que son origine est plutôt à chercher du côté de Marey que des frères Lumière, ils sont nombreux les points communs qui scellent les chemins de ces deux arts dont le fondement est de transiter par le réel. Passage obligé pour dire la vie, l'enfance, la révolte, le temps qui nous inflige ses défaites, et la fin de nous avec ses trois lettres tragiques. Passage d'ombre et de lumière par un œil de verre qui gardera un peu de tout cet éphémère et, illusoirement, peut-être, nous perpétuera au-delà de nous-mêmes, dans deux ou trois albums de famille, aux franges de quelques réseaux oubliés des mémoires. Depuis déjà quelques années, par le biais d'une technologie en évolution constante, le support écran est venu s'ajouter aux tirages papier et aux feuilles du livre intimement feuilleté. De fait, en flirtant avec les marges de l'image animée, la photographie y a pris sans doute d'autres couleurs, d'autres éclats, une manière différente de se tenir et de donner à voir le monde qui l'a de la sorte bousculée. Ainsi, la photographie se présente plus souvent en série, répétitive ou pas et, sans gêne, abandonne les territoires ennuyeux du montage diapositive d'autrefois pour gambader à travers des champs entiers de logiciels plus ou moins libres qui lui donnent des ailes, de l'élan, un souffle nouveau et des allures de cinéma. Cette année, c'est ce bouleversement que VERTIGE a voulu saisir à bras-le-corps : tenir l'appareil comme une caméra, déclencher comme on filme, éclairer comme sur un plateau et, le temps d'une exposition, sortir de l'immobile, fuir cet instant décisif que nous aimons tant. Alors silence, ici on détourne ! Jean-Luc Aribaud
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